Nouvelle Orléans – Jour 5 : la météo n’importe plus, on est en excursion !

Aujourd’hui, on s’est réveillés tôt, plein de motivation pour notre première journée excursion dans les bayous de Louisiane !

Quand on était en Equateur, on a rencontré un matin une Américaine, au petit déj de notre auberge. Elle s’appelle Jeannine, a une soixantaine d’années, et vit tout près de la Nouvelle Orléans ! Elle nous a proposé de lui rendre visite si on passait… et c’est ce qu’on a fait ! Alors c’est elle qui nous emmène dans sa Chevrolet visiter des coins qu’on aurait pas atteint en bus…

Comme il a fait un froid de canard hier et cette nuit, et qu’il a même un peu neigé, les Lousianais se sont réveillés avec 4 pouces de neige sur leurs voitures (à la campagne, parce qu’en ville ça n’a pas tenu) (oui, en pouces. faut bien qu’on s’y mette…). Du coup, les ponts étaient fermés, et certaines nationales aussi, c’était le bordel total pour prévoir les itinéraires. On a retrouvé Jeannine une heure plus tard que prévu, parce qu’elle devait traverser le lac Ponchartrain pour venir, et le pont était fermé (un pont de quelques dizaines de kilomètres sur un énorme lac). Une fois lancés, on s’est vite fait bloquer par un gentil State-trooper avec un gros badge parce que les parties ombragées des routes étaient encore verglacées à 10 heures, et il était ravi de nous parler en français d’Acadie (comme il a dit), c’est à dire en créole cajun qui ressemble à du québecois avec un accent du Sud des États-Unis. Super sympa, il nous a donné une adresse pour aller manger en attendant le dégel.

Un peu plus loin, on a visité une boucherie-charcuterie qui fumait sa viande. C’est une entreprise familiale très ancienne, qui n’est du coup que tenue par les normes sanitaires de l’époque de l’ouverture. Du coup, ils peuvent fumer à l’ancienne avec le bois qu’ils veulent, et ça sentait divinement bon, là-dedans ! On a pu gouter le beef-jerky, lanières de viande de bœuf séchées et fumées, qui se mangent comme du chewing-gum et qui ont un gout super fort (très bon, cela dit !). On a pas de photos, et on vous dira pas quel bois ils utilisent pour ne pas éventer leurs secrets ! (il voulait pas nous dire, pour le bois, mais Jeannine bosse dans l’agroforesterie, donc elle a regardé une buche 5 secondes et a deviné… le mec était déconfit).

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Après le fumoir, on a avancé un peu le long d’un bayou, une rivière qui sépare un bout de marais d’un autre. Ici, toute les terres ont été un jour le lit du Mississippi, le sol est gorgé d’eau et les zones marécageuses servent de tampon entre l’eau salée du golfe et l’eau douce des terres. On y trouve des alligators (qui hibernent avec ce froid), des grenouilles, des tortues, des poissons, des crustacés… en abondance, voire carrément invasifs, du coup, tout ce qui sort du bayou ou du marécage est bienvenu dans les assiettes !

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Vu que le climat est quand même très doux normalement, voire infernal en été, il y a plein d’agrumes partout ! Et vu qu’il a fait froid récemment, les fruits sont supposés être délicieux juste maintenant. Du coup, on s’est arrêtés dans un jardin où un monsieur en peignoir relevait le courrier, et il nous a dit de cueillir des oranges si on voulait. On s’est pas gênés !

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Comme le terrain est plat et il y a des lacs partout, il y a aussi des vues dégagés, dont a pu profiter ! A gauche sur la photo, c’est un arbre couvert de mousse espagnole (c’est son nom), et c’est ce machin qui donne aux paysages des bayous leur air énigmatique et lugubre du folklore populaire (ça, et les mythes vaudous ramenés par les haïtiens qui ont émigré il y a longtemps).  Ca s’utilise à la place de la paille dans le torchis des vieilles maisons des plantations de canne à sucre.

Quand les ponts ont été rouverts, on a pu aller jusqu’à Avery Island, maison du Tabasco ! C’est pas vraiment une île, mais plutôt un dôme de sel, créé par un mystère géologique. Il y en a une quinzaine dans les environs, ils sont plus profonds que l’Everest est haut, et ce sont les seuls endroit où le sol est plus haut que le niveau de la mer (bon c’est pas non plus des plateaux, mais en cas d’ouragan et d’inondations catastrophiques, ça aide beaucoup).

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La famille McHilleny qui y vit et fait le tabasco a créé des expos pour découvrir la fabrication de sauce piquante, mais un des ancêtres avait aussi créé des jardins à l’anglaise qui abritaient pas mal d’espèces animales et végétales. Il a permis de repeupler la région avec les aigrettes qui étaient menacées par l’industrie des plumes de chapeaux, et a relâché par erreur des rongeurs sud-Américains qui sont maintenant une plaie. Les jardins ont été ouverts au public pour favoriser le tourisme automobile, donc ils se visitent en voiture, et ils sont magnifiques !

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Il y a même un bouddha très beau, volé en Chine, mais on sait pas quand, découvert à New York et offert aux McHilleny !

En visitant la fabrique, on comprend que cette famille, après les premiers succès de leur sauce, sont entrés dans des cercles d’influences bien pratiques, mais aussi ils avaient pas froid aux yeux, et ils étaient très doués pour le marketing. Parmi eux y’a eu des militaires, des explorateurs, des politiciens, pas beaucoup de femmes avec des positions de pouvoir cela dit, et leur business fleurit depuis de longues années jusqu’à rentrer dans la pop-culture.

Pour résumer le procédé, les piments poussent un peu sur l’île, et beaucoup au Mexique, en Amérique du Sud, ou en Afrique. Quand ils sont ramassés, ils sont broyés avec du sel, mis en tonneaux et envoyés sur Avery Island, où ils restent quelques années dans la cave. Ensuite, on y rajoute du vinaigre et on touille quelques jours, puis on met en bouteille.

Évidemment, les expos nous ont montré à quel point le Tabasco, c’est génial, et à la boutique cadeau on a pu gouter à tout, y compris la glace au Tabasco Jalapeño (vert) et celle au Tabasco Chipotle Framboise (couleur indescriptible, mais c’est super bon en crème glacée).

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Concernant la bouffe, parce qu’ici c’est une question majeure, entre le midi et le soir, on a gouté des cuisses de grenouilles panées frites, des huitres du coin, des huitres panées frites (pas ouf), des petites langoustes, du crabe farci, de la soupe de tortue (du bayou, pas de la mer !), du gumbo, des poissons locaux… Bref le plateau de fruit de mer, ici, c’est pas toujours le plat de luxe, et c’est grave cool !

On est rentrés tard, fatigués, mais contents, et demain, on remet ça !

Bonus : vu sur le chemin !

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