San blas : l’enfer de la traversée du paradis

Aujourd’hui était de très loin la journée la plus difficile qu’on ait fait jusqu’ici, à la fois mentalement et physiquement !

L’objectif de la journée était simple : prendre le « bateau » de Puerto Obaldia le matin et arriver au bout d’environ 5h du côté de Carti, en essayant de se faire déposer sur une des iles San Blas au passage.

Hier on nous avait qu’un des passagers du bateau attendait encore le feu vert de l’administration du panama pour pouvoir voyager (rentrer dans le pays est beaucoup plus difficile pour les colombiens). L’administration ouvre à 8h, et un des blogs qu’on avait consulté sur le sujet avait prévenu que l’attente pouvait durer plusieurs heures.

On était donc au petit dèj sur la rue principale à 7h30, et on a rencontré le capitaine du bateau vers 8h, pour lui donner les papiers nécessaires (3 photocopies de passeport, mais ça on avait prévu). Et donc on a attendu. Et attendu. Et attendu. Vers midi, on nous a enfin fait signe de bouger. On est donc repassé voir les militaires qu’on a vu hier, histoire qu’ils fouillent encore une fois nos sacs (genre on aurait pu acheter un truc illégal depuis hier à Puerto Obaldia, une base militaire…). On s’est ensuite dirigés vers la barque. On était chauds, on allait partir. On attendait encore le capitaine, parti faire on ne sait quoi.

Il est déja midi, et on attend encore !

En fait, le capitaine avait décidé de gagner plus de sous, et donc d’attendre d’avoir plus de passagers. Il fallait donc encore attendre que les papiers de ces nouveaux passagers soient en règle. On a donc encore attendu jusqu’à 14h avant de partir. Sachant que la traversée dure d’après les autres bloggeurs entre 6 et 8h, on le sentait pas trop, même si on nous disait qu’en fait en 3 à 4h c’était plié.

On n’était donc déjà pas dans le meilleur état d’esprit pour commencer le trajet. Trajet qui s’est donc effectué dans une barque motorisée d’une douzaine de places, sans toit (donc pour l’ombre ou si jamais il avait plu, on pouvait se gratter). La barque est lancée à fond en mode hors-bord, en fonce à grande vitesse dans des eaux relativement calmes. Le hors-bord, c’est bien pour le pilote qui se trouve tout à l’arrière du bateau et n’a pas les secousses. Par contre pour les passagers, à chaque fois que l’avant du bateau s’écrase sur la vague suivante, c’est un choc brutal. Et des vagues il y en a dans un océan !

Ça parait calme, mais c’est tout le contraire !

Après le premier quart d’heure d’enfer, on commence à choper le truc : c’est un peu comme le cheval, il faut toujours se tenir une suspension avec les jambes. Il faut faire attention a pas se louper, sous peine de se voir couper le souffle. Les chocs sont impressionnants, et les bagages tous entassés à l’avant se soulèvent de 20 à 30 cm à chaque fois avant de violemment retomber. Au bout d’un moment, on commence à s’habituer. C’est toujours aussi éprouvant, mais on se dit que ça fait un peu montagne russe. C’est vaguement amusant, en tout cas pendant 5 à 10 min.

Mais bon, 4h c’est long, très long et très éprouvant pour la CDF (Cuisses Dos Fessiers). Et même si certaines zones sont un peu moins violentes car on passe entre des grandes iles et le continent, la majorité du trajet reste un galop infernal qui nous parait interminable. Le seul avantage, c’est qu’on est secoués tellement rapidement qu’on a pas le temps d’avoir le mal de mer.

On s’arrête de nombreuses fois en pleine mer pour cause de panne moteur, pourtant soi-disant neuf (en même temps, vu qu’il tourne en permanence à régime maximum, il doit pas trop aimer). Du coup, malgré la vitesse de déplacement, on voit quand le soleil décliner rapidement, et les rares fois où on a le courage de sortir le portable (une bosse mal prise et il pourrait finir à l’eau !) pour checker le GPS, on se dit qu’on atteindra Carti qu’après le coucher du soleil.

Mais en fait un peu avant le coucher du soleil, on s’arrête sur une île, et on nous dit qu’il faut dormir ici, qu’en fait on atteindra Carti demain matin. Ah ben merci, c’était vraiment bien la peine qu’on se soit levé tôt pour arriver à Carti pas trop tard ! Et surtout, maintenant, on est bien coincés et bien obligés de payer pour le seul hôtel et le seul restaurant qui existent sur l’île. Ce qui est sûr, c’est que le matelas de l’hôtel va pas vraiment améliorer notre mal de dos !

Bon ok, tout ça parait vraiment très négatif, mais c’est vrai que pour nous c’était très éprouvant, non seulement parce que les conditions n’étaient pas bonnes, mais également pour quelques autres raisons :

  • Le coût : Alors les transports pourris, on connait, on sait que ça existe et qu’en Amérique latine on y coupe pas. Mais au moins, généralement, c’est pas trop cher. Entre le bateau et les taxes, plus de 260 dollars à 2 pour la traversée (sans compter, du coup, l’hotel et le restau forcés vu qu’on a pas atteint Carti. Pour vous donner une idée, c’est plus que tout ce qu’on a dépensé en transports cumulés en 1 mois de voyage en Colombie ! Alors forcément, ça nous met un peu en rogne (surtout que c’est pas comme-ci y’avait le choix, c’est le moyen le moins cher de passer la frontière, vu qu’il n’y a pas de voie terrestre)

    La taxe Guna Yala : 40 dollars pour un bout de papier (et rien ne prouve qu’il va servir…)
  • Les gens : Voyager dans des conditions difficiles, normalement ça créée des liens. Par exemple, attendre quelque heures, pourquoi pas, on sait qu’ici tout prend du temps. Mais quand pendant 6h toutes les demi-heures on te dit que c’est bientôt, t’as un peu l’impression d’être pris pour un con. Sinon, à midi, quand on a été devant la barque avec les autres passagers et le capitaine (et que ce dernier à disparu) on s’est rendu compte un peu plus tard que les autres passagers (Colombiens) avait également disparus. On les a tous retrouvés tranquillement en train de finir le déjeuner au restau du coin. Personne n’a pensé à nous prévenir qu’en fait, changement de plans, on attendait d’autres voyageurs et que du coup on avait le temps de manger. Et forcément, maintenant qu’on était au courant, on avait plus le temps de manger vu qu’on allait partir « bientôt ». Pourtant, on avait un peu discuté avec eux pendant l’attente, mais apparemment ça les a pas empêchés de nous planter !
  • L’envers du décors : Les îles San Blas sont vendus comme des îles paradisiaques avec cocotiers et mer bleu azur, et soi-disant grand lieu écologique bien menacé par la montée des eaux. Alors menacé par la montée des eaux, oui (la plupart des îles doivent culminer à 1m au dessus du niveau de la mer), écologique, non. L’avantage de notre traversée à nous, comparée aux traversées plus touristiques (et chères), c’est qu’on a pu s’approcher des îles non touristiques (donc celles qui n’ont pas été spécialement nettoyées pour les photos). Et donc tout au long du trajet, on a vu des déchets flotter partout autour des îles, et les Guna jeter a peu près tout dans la mer : cannettes, reste d’essence, serviette hygiénique, … . Alors on sait que c’est la même chose dans une grand partie des caraïbes, et que la gestion des déchets est un problème qui est arrivé trop vite dans le coin, mais au moins les autres endroits ne basent pas leur pub sur l’écologie. Ici, on voit les enfants faire exactement pareil que leur parents, ce  qui indique que l’argent du tourisme ne va pas vraiment vers une éducation plus écologique (contrairement à ce qui est vendu dans les pubs), et que choses ne vont pas en s’améliorant.

Donc ces facteurs, entre autres, ont fait que pour nous s’était vraiment plus éprouvant que ça n’aurait du l’être. Et tout n’était pas si noir que ça 😉 .Pour ne pas faire un article que sur le mauvais, il faut quand même parler des bons cotés !

Déjà, il y a beaucoup de pélicans dans le coin. Alors en France, quand on s’embête au bord de la mer, on regarde les mouettes passer, mais ici c’est plus fun, on peut voir les Pélicans plonger pour aller attraper leur pitance. Et comme un pélican c’est quand même plus lent qu’un martin pêcheur, on vous a fait une petite vidéo :

Et la traversée, bien qu’éprouvante, nous a permis d’avoir des vues magnifiques sur les îles façon cartes postales. La plupart des îles sont inhabitées (moins d’ordures !), avec 3 cocotiers et sable fin dans une mer azur, et certaines on juste une petite cahutte en bois et un toit en feuille de palmier séché, ça faisait très Robinson Crusoé !

Coté continent, la jungle couvre une immense région vallonnée tout le long de la côte, ce qui donne des successions de lignes d’horizons qui font très aquarelle.

Oui, y’a un gros doigt dessus, mais c’est parce qu’il tenait fermement le téléphone pour ne pas laisser tomber au prochain choc !

Tout cela sous un ciel bleu parsemé de quelques nuages. La lumière de fin d’après midi sur cet ensemble est vraiment magnifique (comme quoi il y avait quand même un avantage à partir tard :p ).

Ce soir on n’est plus qu’à 45min de traversée (donc au final moins de 5h de traversée, on aura donc quand même foncé, même si c’est plus que les 3-4h annoncées par le capitaine). On est épuisés par la traversée, mais également émerveillés par les paysages qu’on a vus aujourd’hui, qui faisait vraiment paradisiaques (tant qu’on s’approche pas trop des ordures 😉 ).

De loin, même les iles polluées sont vraiment belles

Plus de news sur la fin de la traversée dans le prochain post !

P.S : pour ceux qui sont intéressés par plus d’infos sur le passage de la frontière, maintenant qu’on a fait pleins de recherches sur les différentes possibilités et qu’on a testés celle qui normalement (mais pas forcément !) est la moins chère, on pense écrire un petit article comparatif dès qu’on aura le temps.

2 réponses sur “San blas : l’enfer de la traversée du paradis”

  1. T’as utilisé ton deuxième prénom Ben? Il y a marqué Grégoire

    Et il a peut-être pris sa commission auprès de l’hotel pour vous avoir obligé à y passer la nuit qui sait…

  2. Non ils savent juste pas lire un passeport. Déja à chaque fois faut leur expliquer que CESTAN c’est le nom de famille !

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