Léon – Jour 1 : cigares et bus

Aujourd’hui, on a visité une fabrique de cigares.

Bon, vous excitez pas, ceux là c’est les rebuts !

Ce matin, nous étions encore à Esteli, où l’on a visité une petite fabrique de cigares. On était que trois touristes à faire la visite, nous et une allemande, et le guide ne parlait que espagnol (ce qui n’était pas prévu), du coup l’allemande était un peu perdue, donc on a fait la traduction (de l’espagnol vers l’anglais, parce que vers l’allemand c’était vraiment trop fatiguant 😉 ).

A part cet exercice linguistique, la visite était très intéressante. On a commencé par un petit topo sur les différents types de feuilles des plantations de tabacs, et leur utilisation dans le cigare. Celui-ci est donc composé de 3 parties :

  • Le cœur du cigare, qui est le plus important et lui donne tout son arôme. Le tabac utilisé pour cette partie est essentiellement cultivé au Nicaragua, afin de bien contrôler la qualité du produit. Il représente une énorme majorité du tabac utilisé pour le cigare.
  • La coque, qui sert à entourer le cœur et le maintenir dans sa forme de tube. La majeure partie du tabac utilisé pour cette partie est importé d’Ecuador ou du Mexique, car c’est moins cher là-bas.
  • La peau, la finition qui permet au cigare d’avoir son aspect extérieur bien lisse et régulier. Pour cette partie (comme aussi un peu pour la coque), on utilise des feuilles qui sont plus élastiques et peuvent donc prendre la forme tubulaire sans se craqueler.
Les étiquettes indiquent quels ouvriers ont participés à l’élaboration du lot, et quel est l’acheteur.

La fabrique de cigares se fournit dans différent types de feuilles, et assemble différents mélanges pour le cœur (le plus important), en utilisant différentes quantités de différentes feuilles afin de faire varier les arômes. Les acheteurs (gros producteurs de cigares), viennent ensuite essayer les différentes versions et choisissent celle qui leur plait, et spécifient également leur préférence pour la coque et la peau. La fabrique doit alors se débrouiller pour lancer et maintenir une production qui recréé l’équivalent exact du cigare sélectionné.

Pour se faire, les cigares sont contrôlés tout au long de la production, et le moindre défaut met le cigare concerné au rebut. Évidemment, les cigares ne sont pas jetés, mais re-broyés pour être réintégrer dans le cœur de futurs cigares. Mais quand on broie un cigare, on broie à la fois le cœur, la coque et la peau, qui sont de qualités différentes. Refaire un cœur de cigare à partir de ce mélange donne donc des cigares de piètre qualité. Et ce sont ces cigares là qui sont donc vendus peu cher dans les magasins à touristes, afin de persuader les néophytes qu’ils font une bonne affaire (alors qu’aucun connaisseur n’achèterait de cette came !).

Tri des feuilles

Coté étapes de fabrication, on commence par la récolte et le séchage des feuilles sous hygrométrie et température contrôlées. Quand on les entend parler de la fermentation du tabac et de toute ces subtilités, on sent que le domaine est au moins aussi complexe que la vinification ! Une fois les feuilles triées par catégorie (intensité, couleur, arôme, …), on les amène dans la salle de fabrication principale.

Dans cette salle, on trouve des paires hommes/femmes qui travaillent à une vitesse très impressionnante : l’homme roule les feuilles du cœur entourée d’une demi-feuille de coque, ce qui donne une forme tubulaire à l’ensemble. Afin que cette forme perdure, ces débuts de cigares sont placés dans des moules mis sous presse. Une fois le tube stabilisé, la femme prend le relais et enroule le tube dans une demi-feuille de peau avec beaucoup de soin, afin de donner son aspect final au cigare. Le tout est maintenue par une colle « organique » (on en saura pas plus).

Un demi moule à cigare (l’autre partie vient se refermer dessus)

Au final, une visite très intéressante, mais qui interpelle un peu sur les conditions de travail des fabricants de cigares. Les pièces sont petites et peu ventilées et l’air est saturé en odeur de tabac, mais très peu d’ouvriers portent un masque. On se demande un peu quelle est l’espérance de vie de tels travailleurs…

Voilà, a part ça on a pris le bus pour Léon vers 3h de l’aprèm, après s’être fait refoulés du mini-bus d’avant car il était plein. Du coup on est arrivé de nuit à la gare de bus débordante d’activité, où l’on a encore dû se frayer un chemin à travers des hordes de taxis (motorisés ou à pédales) avant d’aller trouver notre auberge. Donc même si l’article est situé à Léon parce qu’on y dort, on peut pas vous dire grand-chose sur la ville pour l’instant (à part qu’il y a un très bon restau à ceviche… oui, on s’est fait plaisir ce soir 😉 ).

P.S : petite photo bonus du panneau interdiction de fumer dans une fabrique de cigare (avec le mec qui s’allume un cigare en prime)