Entrée en Colombie : trampoline de la mort

Aujourd’hui, c’était la journée test de notre endurance en voyage en bus, et on a fait un sacré baptême du feu !    

Après avoir quitté notre hôtel glauque de Ibarra sans trop demander notre reste, on a pris le bus 7h15 pour Tulcan, la dernière ville équatorienne avant la Colombie.

Après 3h de bus sur la panaméricaine qui, bien qu’elle soit en meilleur état que les autres routes du pays, peut se vanter d’avoir des jolis dénivelés (avec les virages en épingle et les ravines sur le côté qui vont avec), nous avons débarqué encore en forme à Tulcan.

On avait estimé à 1h le temps total de traversée de la frontière, mais il nous auras fallu au total presque 2h :

  • 15min de taxi de Tulcan au poste frontière
  • 10min pour comprendre ou il fallait faire la queue (pas évident, on peut aller directement en Colombie sans passer par le poste frontière équatorien si on fait pas gaffe)
  • 35min d’attente pour avoir le tampon de sortie de l’équateur (belote)
  • 35min d’attente pour avoir le tampon d’entrée en Colombie (rebelote)
  • 10 min pour trouver un minibus-taxi et attendre qu’il se remplisse
  • Et enfin 15min pour aller au terminal de bus de Ipiales, la première ville colombienne.
Pleins de nouveaux tampons sur nos passeports !

On ne s’est pas attardé à Ipiales (qui n’a rien d’extraordinaire à l’exception d’une superbe cathédrale malheureusement trop loin du terminal de bus pour nous) et on a pris un bus pour Pasto.

Après 2h dans un bus très remuant (dans le sens amortisseurs mal réglés, pas dans le sens émouvant !), nous avons été déposés plus très frais à coté du stade de Pasto. Nous avons ensuite demandé notre chemin pour trouver le terminal de bus, qui n’était évidemment pas juste à coté. Bien conscients que nous n’avions pas traversé la meilleure partie de la ville, celle-ci ne nous a quand même pas donné envie d’y rester.

On a donc décidé qu’on avait encore assez d’énergie pour s’échapper du terminal de bus de Pasto (où, il faut l’avouer, on était pas très rassurés) et de continuer vers Mocoa, la capitale de la zone amazonienne de Colombie (et ville bien perdue au milieu de nulle part). On a voulu venir par ici parce que des blogs et des voyageurs en parlaient comme une zone d’aventures en pleine forêt, mais ce qu’on a appris pendant le voyage en bus en papotant avec nos voisins, c’est qu’au mois de mars, un énorme écoulement de boue a ravagé la ville. Du coup, on sait pas trop a quoi s’attendre.

La route entre Pasto et Mocoa est réputée pour être la plus dangereuse de Colombie et est surnommée el trampolin de la muerte (parents et âmes sensibles, la lecture s’arrête ici pour vous)

(cela dit, avant de la prendre, on a vérifié que les articles sur les accidents étaient vieux, et que la réputation de la route s’est améliorée. #ouimamanjefaisbienattention).

Mais cette route est aussi connue pour offrir de magnifiques vues. Comme on en a fait la plupart de nuit et que même si on l’avait fait de jour, ça secouait trop pour prendre des photos, on vous laisse le soin de chercher des images sur google (celles des paysages, pas celles des bus dans les ravins !)

Oui oui, il y a bien marqué 5h pour 150km !

On est donc monté à bord d’un petit bus 20 places, relativement récent (comparé à certains des cercueils sur roues garés à coté), et avons commencé notre route protégés par plusieurs vierge marie, jésus et crucifix (apparemment plus importants que les ceintures de sécurités, ne pas téléphoner au volant ou encore ne pas doubler sur une double ligne blanche sans visibilité).

Plus près de toi mon Dieu, mais pas trop près si possible !

Les deux premières heures zigzaguait pas mal, mais la route était principalement goudronnée. A la sortie de Pasto, on est passés devant un crématorium puis on a croisés une ambulance sirènes hurlantes, mais heureusement, on est pas supersticieux (sauf pour la vierge et jésus qui nous protègent). Au bout d’une demi-heure, on a eu de très jolies vues sur la laguna de la Cocha avec la lumière descendante (on a pas de photos, on était trop occupés à s’accrocher a nos sièges pour sortir nos téléphones ).

On s’est ensuite arrêté au village de Sibundoy pour une pause toilette et repas (enfin, nous on a décidé de rien manger quand ils nous on dit que la vrai zone du trampoline de la muerte allait bientôt commencer). On a aussi changé de minibus, le notre ayant apparemment des problèmes techniques (rassurant tout ça…)

Une fois repartis dans la nuit noire et le brouillard, le goudron est très vite devenu un lointain souvenir, et on était à la fois rassurés de ne pas voir les immenses ravines très proches sur le bord (dont aucune ceinture de sécurité nous aurait sauvé en cas de chute) et inquiet que le chauffeur ne les voient pas non plus. Les croisements avec les autres véhicules sont parfois très délicats vu l’étroitesse de la route, et on était plutôt content de pas être dans un gros bus. De même, un des avantages de rouler la nuit est que l’on voit les phares des voitures au tournants.

La route nous a parue vraiment interminable, à juste titre puisqu’au lieu des 5h annoncées il nous a fallu plus de 7h30 pour atteindre Mocoa (bon, ils disaient que ça dépendait de la météo et on a roulé dans le brouillard et sous la pluie de nuit…). On a finit par arriver à Mocoa vers minuit, sous une pluie diluvienne, et on s’est réfugié dans un hôtel encore ouvert. Au final, pour le bus, pas mal d’essence consommée, de pneus usés et d’amortisseurs secoués et pour nous, pas mal d’énergie mentale consommée, de fesses usées et d’estomacs secoués.

Du coup pour nous demain c’est grasse mat’, mais après on vous racontera nos nouvelle aventures dans cette ville au bout du monde.

P.S : Sur toute la longueur de la route Pasto-Mocoa, des panneaux indiquent la forme du virage suivant tout les 20m (ça faisait un peu rallye), et il y a de nombreux panneaux de limitations de vitesses à 30 Km/h ou de panneaux « attention, virage dangereux ». De notre point de vue, tous les virages sont dangereux et tout conducteur souhaitant survivre ne devrait pas dépasser 30 Km/h nulle part.